À cause des contingences de la vie, ces jeunes femmes et filles deviennent, malgré leur jeune âge, des aide-ménagères dans des familles à Bamako. Souvent à peine âgées de 13, 14, 15, 16 ans, elles sont amenées à quitter leurs parents et leurs familles en milieu rural, au profit de la capitale dans l’unique but, dans la plupart des cas, d’acheter leurs trousseaux de mariage. Et pour la majorité d’entre elles, cette décision est le début du calvaire.

Elles sont les premières à se réveiller avant toute la famille et à se coucher après tous et toutes, et cela n’ayant ni droit au repos ni à une bonne alimentation dans certaines familles d’accueil.

Niagalé, âgée de 15 ans, raconte ce qu’elle a vécu il y a deux ans chez un employeur au quartier Badjalan :

« Je travaillais dans une riche famille où tout allait bien avec ma patronne au début. Mais plus le temps passait, plus son comportement changeait envers moi, jusqu’au jour où elle m’a battu à sang parce j’ai fait tomber un verre sans faire exprès. Je n’oublierai jamais ce que j’ai subi ».

« Je viens de subir la pire indignation qu’une femme ne devrait vivre », confie Korotoum, agée d’environ 17 ans, victime de violences sexuelles de la part du mari de sa patronne quand cette dernière s’absentait.

Il m’a fait croire que si je ne me laissais pas faire, il allait me renvoyer et dire à ma patronne que je suis une voleuse. Prise de peur, je me suis laissé faire. J’ai subi 10 mois de viols et me voici à mon 3ᵉ avortement et porteuse de VIH sida.

Avec les yeux pleins de larmes, Doussou (14 ans) dans son témoignage, dit avoir été victime de maltraitances qui étaient devenues une habitude dans la famille où elle travaillait. Ne pouvant plus supporter toutes les violences qu’elle subissait pour un salaire dérisoire, la fillette réussit à s’enfuir grâce à un membre de la famille voisine, en laissant son salaire de plusieurs mois chez sa patronne. Aujourd’hui elle a regagné un nouveau foyer dans lequel elle est épanouie.

Ces réalités et même parfois pires, sont celles de nombreuses filles et jeunes femmes à Bamako. Et comme toutes ces adolescentes, beaucoup d’autres sont marquées à vie par l’irresponsabilité de certain.e.s tuteurs.tutrices. Ils.Elles profitent de leur position pour abuser de ces filles et jeunes femmes, en posture de faiblesse et qu’ils.elles sont censé.e.s protéger comme leurs filles ou sœurs.

Nous en appelons à la responsabilité des autorités compétentes, pour porter plus d’attention à ces cas de violences professionnelles subies par ces femmes aide-ménagères, en offrant le cadre pour la dénonciation afin que les auteurs.autrices de ces actes ne restent plus impunis.e.s.

Astan Founè Diawara,

Ambassadrice de Nos Voix Comptent au Mali.